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Nos ingénieurs ont du talent – Portrait de Gérard Dusart (1975)

26 avril 2018 Portrait
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Un ingénieur toutes voiles dehors !

Depuis le détroit de Malacca, à bord de son voilier et en voyage permanent depuis 13 ans, Gérard répond à nos questions.

 

Gérard, quel a été ton parcours à HEI ?

Après des études classiques (terminale S à Valenciennes), j’ai intégré HEI dont je suis sorti diplômé en 1975 en Génie Civil.

Dans le cadre de la vie associative, j’ai organisé le rallye HEI 1973 avec mon binôme étudiant, puis une virée sur Ostende avec visite d’une brasserie. Hors HEI, je faisais partie du labo photo de la rue Meurein.

As-tu fait un projet de fin d’études ? Un stage ?

Oui, toujours avec le même binôme, j’ai travaillé sur un projet de fin d’études qui consistait à élaborer un pont précontraint à inertie variable situé à Dunkerque.

J’ai également fait un stage ouvrier aux Ateliers du Nord de la France puis chez Beugnet. J’ai compris que je n’étais pas fait pour travailler en usine, mais plutôt sur chantiers.

Une anecdote qui t’a marquée ?

Oui, Le « Père 100 », avec son monôme [fête marquant la fin des études] dans Lille annonçant la fin d’une vie et le début d’une autre…, qui fut bien remplie, en couple.

 Raphaël Boutry et Michel Egels lors du monôme de 1975

As-tu ressenti une « communauté HEI » pendant ces années ?

Tout à fait, d’abord durant les études, d’un côté au sein du polytechnicum et de l’autre au sein de l’école, puis plus tard en activité, lorsque deux collègues étaient HEI, suite à la volonté de notre employeur au regard de notre formation généraliste qu’il appréciait.

Quel a été ton parcours professionnel depuis ta sortie d’HEI ?

Multiple : deux ans dans une entreprise de génie civil, six dans le domaine de la construction, sept à introduire les nouvelles technologies dans le BTP (après une formation à Supelec et Suptelecom - développement des EDI, vice-président d’Ediconstruct pour la maîtrise d’ouvrage), dix en Bureau d’Etudes Techniques (patron de la filiale logement d’OTH Paris, ...), et enfin création de ma société d’assistance à maîtrise d’ouvrage, afin de mieux préparer mon départ.

Donc une vie bien remplie entre BTP, nouvelles technologies, technique commerciale, managériale.

Peux-tu décrire le voyage que tu réalises actuellement ? Pourquoi et comment l’as-tu entrepris ?

J’ai connu mon épouse en 1970 au CVV (Club de Voile de Valenciennes). Depuis, notre passion pour la voile ne nous a jamais quittés.

Mes enfants étant autonomes, à 54 ans j’ai choisi entre « continuer à travailler sans compter mes heures, payer des impôts et aller au restaurant tous les jours » et « tout vendre, acheter un bateau, changer de vie et vivre sur nos avoirs jusqu’à l’âge de la retraite ».

À l’origine, nous voulions faire le tour du monde, en couple, sur un monocoque sécuritaire (Amel), mais arrivés en Amérique du Sud, nous avons décidé de visiter les pays, rencontrer les gens, découvrir leur vie quotidienne et apprendre leur langue.

Bref, après avoir remonté l’Amazone brésilienne de Belem jusque Alter de Chao (mi route de Manaus), nous avons visité en « backpackers » tous les pays espagnols du continent (Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, Chili, jusqu’à mettre les pieds sur le Cap Horn). Une anecdote : dans un restaurant au Venezuela, nous avons rencontré un ingénieur HEI vénézuélien....

Après quatre ans basés au Venezuela et dans l’Arc Antilles (en naviguant jusque Cuba et la Jamaïque, et en visitant à terre durant la période cyclonique) nous sommes restés deux ans au Panamá (avec découverte des sites mayas au Mexique et au Guatemala) avant de franchir le canal de Panamá.

Six mois en Polynésie (avec interdiction, à cette période, d’y rester plus longtemps, bien que Français... !), nous sommes partis directement vers la Nouvelle Zélande et les quarantièmes... De nouveau presqu’un mois de mer, à deux, après un premier mois entre Panamá et les Marquises, sauf que les conditions de mer y sont nettement différentes et changeantes.

Trois ans basés en Nouvelle-Zélande avec des incursions sous les tropiques : Fidji, Vanuatu, Nouvelle Calédonie et la découverte des îles Kiwis, pour arriver fin 2016 en Malaisie, via le détroit de Torres et avec de nombreux arrêts le long des côtes Indonésiennes, du Timor jusqu’au détroit de Singapour (Batam).

Au programme actuellement, la découverte de l’Asie du Sud-Est...

 

Notre navigation 2016

6150 nautiques (11.400 km), 45 jours de mer, entre la Nouvelle Zélande et la Malaisie

 

A ton avis, quelles sont les démarches ou les techniques importantes à connaître pour réussir sa carrière ?

La créativité, pour proposer des idées et les mettre en œuvre. Apporter des solutions, plutôt que poser des questions. L’écoute, le respect des autres et savoir partager ses connaissances.

Ainsi, à presque 70 ans, nous élaborons un nouveau projet pour les 10 prochaines années : changement de bateau pour l’adapter à notre programme de navigation et rencontre d’autres populations.

Un conseil pour les promos sortantes ?

Bien garder son côté généraliste et son ouverture d’esprit pour pouvoir évoluer et s’adapter. Se braquer sur un statut n’est pas pérenne et n’apporte guère une plénitude personnelle.

Naviguer nécessite une remise en question systématique : Aborder un pays inconnu, longer des côtes parfois hostiles, pénétrer dans une marina, rencontrer les autorités (douanes, immigration, bio sécurité), rechercher les magasins et produits spécifiques pour l’avitaillement, etc…, tout ceci après, bien souvent, plusieurs semaines de mer, et de quarts de veille. Est-ce si différent d’une vie en entreprise ?

L’importance du réseau ?

Le réseau est très important ; c’est ce qui permet de gérer sa carrière (et de rebondir), sans tomber dans les excès. La simplicité est toujours payante, c’est important de privilégier l’être au paraître, de vivre par rapport à soi et non à travers les autres, car les gens viendront vers toi, et ton réseau s’enrichira de lui-même.

Aujourd’hui es-tu toujours en contact avec l’école ou des HEI ?

Depuis le bout du monde, cela me fait plaisir de recevoir des infos malgré les connexions difficiles ; rappel de l’ancien temps, évolution de l’école, mais aussi beaucoup de difficultés à imaginer votre vie... Nos amis nous parlent « chômage, grèves, migrants, attentats », quand nous, nous leur parlons « coups de vent, soleil, plongée, langoustes et toutes nos rencontres enrichissantes ».

Bien sûr, nous avons beaucoup d’histoire à raconter. Nous refusons le blog ouvert à tout le monde, privilégions nos récits diffusés nominativement et aujourd’hui, le tome 42 relate notre 13ème année de navigation...

Les nouvelles technologies sont maintenant fantastiques (grâce à la 4G) pour garder contact ; ce qui n’était pas le cas lors de mon départ : les smartphones n’existaient pas et les seuls moyens de communications étaient la BLU (réflexion des messages sur les nuages et 12 mn de communication, très lente, par jour), ou Iridium, à 1,8 USD la minute...

 

Merci Gérard et bon vent !

 

 




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