Actualités

Partager sur :

Histoires d'entrepreneurs - Portrait de Bertrand Coupet (HEI 2007)

15 février 2022 Portrait
Vue 979 fois

Quel a été ton parcours ?

Je suis arrivé à HEI en 2002, j’ai fait la spécialité Conception mécanique puis j’ai travaillé 7 ans dans la région lilloise. J’ai accumulé plusieurs expériences dans la robinetterie industrielle en gestion de projet, gestion qualité des dossiers (nucléaire, pétrole et gaz), j’ai pris beaucoup de plaisir à faire ça puis, pour des raisons familiales, je suis allé m’installer à Québec.

Quand on est partis je n’avais pas de travail, en arrivant là-bas nous avons découvert la culture et nous y sommes restés 5 ans. J’ai travaillé 4 ans dans une raffinerie de pétrole. Le lien avec mon expérience précédente a été décisif pour trouver ce job. Je travaillais en contrôle de couts / gestion de projet et ensuite en ingénierie, je faisais le design des nouvelles installations. J’ai travaillé pendant 3 ans sur un projet de construction d’une nouvelle unité de production, qui était une unité de désulfurisation de l’essence pour mettre aux normes l’essence avec un degré de souffre abaissé. J’ai vraiment constaté une différence de culture du travail qui m’a beaucoup plu.

Pourquoi être revenu en France ?

Nous sommes revenus en France car nous étions loin de tout. Nous sommes très attachés à notre famille, ils nous manquaient. Nous avions également un petit manque de la France et de la culture française. Nous étions très bien au Québec, nous avions une superbe qualité de vie, mais nous avons décidé de rentrer aussi pour des raisons professionnelles du côté de ma femme. On est allés s’installer en Bretagne, on ne voulait pas rentrer dans le nord et avoir l’impression de faire un retour en arrière, se remettre dans ses vieux chaussons. On a donc choisi un lieu qui ressemble un peu plus au Québec avec de la verdure, des ruisseaux, la mer pas loin…

Qu’est-ce qui t’a amené à entreprendre ?

A mon retour en France je n’ai pas retrouvé facilement du travail car nous sommes rentrés en juillet 2020, en plein COVID. J’ai cherché pendant 6 mois un job mais pendant ces 6 mois j’ai également pris une claque écologique en écoutant les conférences de Jean-Marc Jancovici, Aurélien Barrau, Gaël Giraud… je me suis rendu compte que je ne pouvais plus travailler comme avant et que j’avais besoin d’utiliser tout mon temps disponible pour travailler à la solution du réchauffement climatique à mon échelle. Plus j’avançais dans l’année, plus ça me semblait évident. Quand je suis arrivé en novembre/décembre j’ai fait une formation qui s’appelle « Mon job de sens », une formation de groupe avec un coach pour faire du développement personnel, donner du sens à son travail et donner du sens à sa vie. Plus j’avançais dans ce travail, plus je me disais que je pourrais mettre mes talents d’origine en valeur en étant indépendant et retrouver les avantages que j’avais au Québec dans mon travail.

Au Québec j’étais payé à l’heure, je décidais de la répartition de mon travail dans mes 7 jours, ce qui apporte beaucoup dans la qualité de vie sans empiéter sur la productivité au travail. En me mettant à mon compte je pouvais gagner cette flexibilité là et mettre à profit mes talents de responsabilité, d’autonomie, d’individualisation des relations que je peux avoir avec les gens. J’ai pris conscience de ces talents grâce à cette formation.

En décembre 2020, je me suis dit que j’allais me mettre auto-entrepreneur pour proposer des bilans carbone, des stratégies bas carbone aux entreprises car avec ma formation d’ingénieur et ma volonté de transition écologique c’est exactement ce que je pouvais faire.

Quand j’ai pris cette décision j’ai commencé à recevoir des offres de CDI. Chaque proposition me mettait le doute car évidemment le CDI c’est la sécurité mais j’ai refusé car il fallait que je tente l’expérience et aujourd’hui j’en suis très content !

Quel est ton cœur de métier ?

Depuis 1 an je faisais du réseau sur Linkedin pour rencontrer des gens qui avaient un peu le même profil que moi, voir comment ils travaillaient, comment ils avaient des clients. J’ai ensuite prospecté mon réseau français, j’ai trouvé des personnes intéressées pour faire leur bilan carbone avec moi. Je n’étais pas formé à la méthode, je n’avais pas de site, mais je trouvais déjà des clients. Au fur et à mesure de l’année je me suis formé d’une façon méthodique et entre temps je faisais des bilans carbone à l’aide d’applications web, j’apportais une prestation d’ingénieur et à la fin on bâtissait ensemble une stratégie bas carbone.

As-tu toujours voulu entreprendre ?

Mon père est entrepreneur, il a créé son entreprise qui a été reprise par mon frère. J’ai refusé de reprendre cette entreprise car j’ai vu comment il avait mené sa vie d’entrepreneur à travailler 70h/ semaine, je ne voulais pas prendre ce rythme. Je n’avais pas pour ambition de devenir entrepreneur jusqu’à ce que je découvre la flexibilité au Québec.

Ce n’était pas inné. Mais plus j’y pense, plus de je me rends compte que les gens sont capables de prendre du temps pour eux, réfléchir à leur business plan. Au Québec, les entrepreneurs et les directeurs sont tous partis à 17h/17hh30 du travail, ils mangent à 18h et ne travaillent pas le weekend. Leur priorité est leur qualité de vie et leur famille. Quand j’ai pris conscience de ça je me suis dit que le modèle que j’ai vu avec mon père n’est pas le seul qui existe en terme de chef d’entreprise. Ça m’a conforté dans mon choix de me lancer.

Quelles sont les difficultés auxquelles tu ne t’attendais pas ?

En étant auto-entrepreneur je n’ai pas eu beaucoup de difficultés. La seule difficulté que je peux avoir c’est de me sentir seul alors je cherche les relations, je cherche le réseau… Je n’ai encore senti de véritable difficulté. Ça pourrait venir si je cherche à embaucher car je craindrais de ne plus faire ce qui me plait, me retrouver à faire du management plutôt que de l’opérationnel.

Qu’est-ce que t’a amené à t’investir dans le club transition ?

Aujourd’hui mon business plan c’est d’apporter des bilans carbone aux entreprises. Le salaire étant satisfaisant, j’ai estimé que si je travaillais que 50 à 60% des jours travaillés ça me suffirait pour vivre. C’est aussi raccord avec mes principes liés à la transition écologique qui prône la sobriété, le changement de mode de vie. Je ne suis pas dans la course au CA. Je suis dans la course à l’impact et donc je profiterais des 50% de mon temps restant pour travailler bénévolement pour des associations, ou des entreprises qui n’ont pas les fonds, pour démultiplier l’impact.

Je me suis investi dans le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) et dans le Shift Project le think tank de Jean-Marc Jancovici. J’ai alors trouvé que la proposition de Marie Grosseau (HEI 2004) de créer un club sur la transition écologique était une super opportunité de faire la même chose dans le réseau des alumni : regrouper les personnes qui ont la même sensibilité écologique, qui veulent se former… L’objectif du club serait la formation, mettre à disposition de l’information pour ceux qui le veulent, pourquoi pas former des groupes de travail sur des dossiers locaux.

Quel est ton meilleur souvenir à HEI ?

Mon meilleur souvenir c’est mon année en échange aux Etats-Unis en 4ème année. C’était une superbe expérience !

Il y a aussi des cours techniques que j’ai beaucoup aimés et des professeurs avec qui nous avions de relations particulières, je pourrais citer Bruno Dumont, professeur en mécanique, par exemple, qui était très inspirant et nous donnait envie de devenir ingénieur.

Un conseil pour se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Réfléchir au sens que l’on veut donner à sa carrière. Choisir une entreprise qui fait du sens avec ce qu’on veut faire dans sa vie. Sinon on a une dissonance cognitive entre vie perso et vie pro.

Quand je suis arrivé à HEI je voulais travailler dans l’automobile, mon objectif était d’être engagé chez Renault et fabriquer des voitures. J’y suis allé à la sortie de HEI et je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout ce que je m’imaginais. C’était trop gros, je n’étais pas fait pour aller dans une grosse entreprise. J’ai donc démissionné pour rentrer dans le Nord et donner du sens à ma carrière et m’épanouir professionnellement.

Selon toi, quelle est l’importance du réseau ?

J’ai toujours favorisé la fabrication d’un réseau. Tous les boulots, dans 8 entreprises différentes, que j’ai réussi à avoir je les ai eus grâce à mon réseau. Même au Québec j’ai trouvé du travail grâce à une mise en relation. Donc le réseau c’est ce qu’il y a de plus important, que ce soit réseau pro, perso, alumni…

Quelque chose à ajouter ?

Je sais que le syndrome de l’imposteur peut freiner des gens mais la chance sourit aux audacieux et on grandit quand on sort de sa zone de confort alors il faut foncer !

Les meilleures choses qui me sont arrivées dans la vie sont arrivées quand j’ai répondu « pourquoi pas ! » quand on m’a proposé quelque chose. Il ne faut pas laisser passer sa chance.




9
J'aime

2 Commentaires

Agathe GRAVIER (Ingénieur HEI, 1990)
Il y a 1 an
Très interessant! Bravo!
Louis COCHET (Ingénieur HEI, 1958)
Il y a 1 an
Parcours semé d'embûches, mais tu as su trouver ta voie avec une part gagne-pain et une part de bénévolat. Dans un domaine vital pour l'humanité. Félicitations.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.