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Portrait de Damien BUTIN (ISA Paysage, 2008)

14 mai 2024 Portrait
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BONJOUR, peux-tu te présenter brièvement ?

 

Je suis Damien Butin, ingénieur paysagiste diplômé de l’ITIAPE en 2008 (ISA - ITIAPE14). Depuis près de 15ans j’évolue dans la sphère publique où j’ai occupé différents postes à responsabilités. Je suis actuellement directeur stratégie et maitrise d’ouvrage du patrimoine naturel à la métropole de Bordeaux.

 

Quel est le meilleur souvenir de tes études chez JUNIA (HEI, ISA et ISEN Lille) ?

 

Passionné par le paysage, j’ai choisi d’intégrer l’ITIAPE (ISA) par son système pédagogique qui est innovant, notamment à mon époque, au travers de l’apprentissage par problème (APP), outre sa place de premier rang parmi les écoles du paysage françaises et l’écosystème du paysage au niveau national.

Cette formation d’ingénieur, et ça dès le cycle prépa, nous pousse à être acteur de notre cursus tant sur le plan individuel en construisant nos propres savoirs, que sur le plan collectif en développant des travaux de groupes qui ont été riches sur les plans humains et de la connaissance.

Par ailleurs, cette école nous donne l’opportunité de partir à l’étranger durant la 2éme année du cycle ingénieur. Aussi, j’ai pu amorcer la découverte des territoires scandinaves que j’affectionne particulièrement en me rendant en Islande (Reykjavik). Cette expérience fut d’autant plus bénéfique et instructive qu’elle était atypique.

C’est aussi une très belle mission menée en Afrique et plus précisément au Burkinafaso pour travailler sur les sujets relatifs à la conservation des eaux et des sols notamment dans le cadre des relations internationales Nord / Sud. Cette expérience a été florissante sur le plan humain avec l’ouverture d’esprit que cela a pu nourrir ainsi que sur le plan technique et professionnel.

Enfin, j’ai fait des rencontres amicales indéfectibles, qui sont toujours présentes 15 ans plus tard (je pense à Gwenaël, Jérémie, Quentin, Ronan, Vivien, Xavier). Si l’ITIAPE nous a donné les outils pour nous former, structurer nos réflexions et méthodes de pensée, et favoriser la prise de recul, cette formation m’a également permis de faire des rencontres de valeurs, qui comptent dans mon parcours à la fois personnel et professionnel.

 

Pendant tes études, savais-tu déjà ce que tu voulais faire et quel poste tu visais ?

 

Si le paysage dans toutes ses composantes était une évidence pour moi, ma trajectoire professionnelle a été moins linéaire. En effet, lors de mon arrivée à l’ITIAPE, j’avais plutôt le souhait d’évoluer dans une structure privée, mais la vie m’a conduit vers la collectivité, notamment celle de La Rochelle qui a été ma structure d’accueil et qui a été également un catalyseur dans mon choix professionnel.

Pas à pas j’ai appréhendé les valeurs mais aussi les missions de la fonction publique territoriale avec ses impacts vis-à-vis de la transformation paysagère qu’elle peut avoir sur un territoire donné. C’est à ce moment que j’ai compris que si je voulais participer à façonner la morphologie d’un territoire, c’est dans cet univers que je devais m’inscrire.

 

Quel a été ton parcours depuis l’obtention de ton diplôme ?

 

Quelques semaines après l’obtention de mon diplôme, j’ai intégré en 2008 le poste de chef de service en charge de l’aménagement du paysage à la ville de Bordeaux. Je manageais une équipe de chefs de projets et avait la mission singulière de piloter l’aménagement des quais de la rive droite (40ha). Cet objectif était aussi challengeant que galvanisant surtout à 23ans (je remercie encore l’administration Bordelaise et mes différents responsables pour m’avoir donné cette opportunité et accordé leur confiance).  En 2016, j’ai ensuite intégré la métropole de Bordeaux où j’ai eu plusieurs postes de responsable de service. J’ai eu, en fil rouge, la charge du bureau d’études paysage et s’est ajoutée notamment la responsabilité des services techniques de la direction avec des équipes variées, allant des grands terrassements, en passant par des équipes de travaux et de plantations, jusqu’à des équipes de menuisiers ou métalliers par exemple. En 2019, j’ai évolué au poste de directeur adjoint de la direction des espaces verts de Bordeaux Métropole, avant de prendre la tête de la direction de la stratégie et maitrise d’ouvrage du patrimoine naturel depuis 2022.

 

Quelles sont les missions principales dans ton métier ?

 

Je suis en charge du pilotage de la direction stratégie et maîtrise d’ouvrage du patrimoine naturel de Bordeaux Métropole qui participe à porter la vision territoriale de long terme au sein de la conurbation bordelaise.

Cette direction accompagne des politiques publiques structurantes relatives à la transition écologique et aux ressources environnementales en tant que direction centrale (Plantons 1 million d’arbres, prévention des inondations, …) ainsi que pour la ville de Bordeaux en tant que service commun (Bordeaux Grandeur Nature, résilience alimentaire, …) grâce aux différents services :

  • Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI)
  • Arbre
  • Nature en ville
  • Expertise et aménagement du paysage.

 

Mes missions principales sont les suivantes :

  • Participer à accompagner et à apporter des éléments d’aide à la décision auprès des élus (ville & métropole)
  • Développer des visions prospectives, coordonner les équipes pluridisciplinaires en mode projet et superviser les différents services ;
  • Structurer la gestion des projets stratégiques et complexes : [concevoir et mettre en place la stratégie GEMAPI du territoire à échéance 2030 (120M : gestion actuelle de 80km de digues et 300km de cours d’eau)], créer ou réhabiliter des systèmes d’endiguement et des ouvrages hydrauliques, créer une réserve écologique, planter massivement pour répondre à l’urgence climatique, aménager des espaces paysagers structurants, créer et gérer des mesures compensatoires, développer des modes de gestion écologique… ;
  • Gérer un budget annuel moyen de 20 M ;
  • Accompagner la conduite du changement, développer les compétences, gérer les ressources, …

En quoi le réseau (école, association des diplômés, famille, professionnel) a-t-il joué dans le développement de ta carrière ?

 

L’ITIAPE constitue un catalyseur pour rentrer et plonger dans l’univers du paysage. Outre la formation dispensée de qualité, qui forme notamment de nombreux cadres dirigeants reconnus dans le milieu du paysage, il est également à souligner que les professionnels du paysage sont très proches de cette école et des étudiants.

Cette relation étroite ouvre des opportunités de qualité par le compagnonnage où l’écoute et le partage sont de véritables boussoles. Nous baignons dans un milieu de passionnés et dans lequel les opportunités de spécialisation du sol à la plante sont nombreuses.

J’observe la diversité des postes que mes anciens camarades de promotion occupent aujourd’hui ; ils sont variés mais tous complémentaires (entreprises, bureaux d’études, collectivités, …). Cette diversité crée la richesse de la formation mais également du réseau et ouvre sans cesse de nouvelles opportunités, dans lesquelles l’innovation a une place particulière.

 

As-tu un message à faire passer ?


D’abord, je tiens à remercier l’ITIAPE, dont Pierre Baillon le créateur de cette école de concert avec Michel Depond. Je remercie également l’équipe pédagogique dont Pascal Gautier (directeur lors de l’obtention de mon diplôme), David Guillemant (mon directeur de mémoire de fin d’études), Joceline Lanoy, Claire Tesnières, Jérôme Carel,… mais également Christine Duport, Inès Blanckaert, Pauline Bioux, pour ne citer qu’eux. L’ITIAPE est une formation très riche, très stimulante, très formatrice…  C’est également l’école de la vie.

Ensuite, je remercie tous les acteurs de la filière paysage pour la dynamique qui est impulsée tant vis-à-vis de cette formation et de ses étudiants que vis-à-vis du paysage et de la biodiversité compte tenu des changements profonds auxquels nous faisons face eu égard le changement climatique ou encore la chute de la biodiversité.

C’est d’ailleurs face à ce mouvement de bascule auquel nos territoires sont confrontés, que traduisent les épisodes de fortes pluies ou encore de chaleur de plus en plus extrême, que j’ai essayé de formaliser au sein d’un ouvrage des visions, des méthodes et des outils qui pourraient participer à répondre aux enjeux de transition écologique.

 

Aussi, j’ai le plaisir de vous annoncer la publication le 30 mai prochain de mon premier livre intitulé « Politique paysagère, pour une ville verte et durable » aux éditions Berger-Levrault, dont le contenu de la 4ème de couverture est le suivant :

 

Au cours de l’histoire, le paysage a souvent répondu à des disciplines distinctes et controversées où l’esthétique et l’artistique étaient prépondérants.

À l’heure où la planète se réchauffe, la ville est appelée à se réinventer, à lutter contre l’artificialisation des sols et à se reconstruire sur elle-même en la végétalisant. Dans ce contexte, le statut du paysage évolue : on le reconnaît aujourd’hui comme un patrimoine à préserver et à développer, mais également un écosystème naturel aux enjeux scientifiques, garant du bon devenir du monde du vivant dont l’humain fait partie.

En tant qu’objet de politique publique, le paysage participe à une organisation où la biodiversité doit irriguer tous les pans de l’intervention publique, afin que l’aménagement territorial rime avec résilience, préservation de l’environnement et bien-être des citoyens. Cette vision pousse les décideurs publics à questionner les paradigmes pris et à réinventer les pratiques que les plans paysages peuvent décrire en recomposant nos territoires dans un objectif de transition écologique.

Cet ouvrage propose une méthode d’analyse globale du « grand paysage » et de son écologie à l’échelle d’une agglomération en proposant des orientations stratégiques d’évolution et de transformation au travers d’un plan d’action, pour ensuite le décliner et s’intéresser à une action localisée au travers la réalisation d’un projet de parc naturel basé sur le principe de la renaturation.

Lutter contre le changement climatique et la chute de la biodiversité, améliorer la santé publique et développer la cohésion sociale, tels sont en effet les défis que les espaces habités du XXIe siècle doivent relever pour muter et s’adapter à ces nouveaux risques.

 

(Crédit photo : Marine Monteils Photographe).




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